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Un labyrinthe (λαβύρινθος / labúrinthos en grec ancien, labyrinthus en latin), est un tracé sinueux, muni ou non d'embranchements, d'impasses et de fausses pistes, destiné à perdre ou à ralentir celui qui cherche à s'y déplacer.
Ce motif, apparu dès la préhistoire, se retrouve dans de très nombreuses civilisations sous des formes diverses.
Le mot désigne dans la mythologie grecque une série complexe de galeries construites par Dédale pour enfermer le Minotaure. En latin, labyrinthus signifie « enclos de bâtiments dont il est difficile de trouver l’issue »[1].
L'origine du mot est vraisemblablement préhellénique[2]. On a tenté autrefois divers rapprochements étymologiques, par exemple avec le terme grec labrys, nom de la hache crétoise à double tranchant, avec laquelle aurait été creusé le labyrinthe[3]. Les langues préhelléniques étant inconnues, il est normal que l'on ne trouve aucune étymologie satisfaisante. La forme la plus ancienne connue est da-pu2-ri-to- en mycénien de Knossos (le signe pu2 note ordinairement phu), avec d à l'initiale et non l [4].
De nos jours, le terme de labyrinthe désigne une organisation complexe, tortueuse, concrète (architecture, urbanisme, jardins, paysages…) ou abstraite (structures, façons de penser…), où la personne peut se perdre. Le cheminement du labyrinthe est difficile à suivre et à saisir dans sa globalité.
L'auteur italien Umberto Eco, dont on connaît la passion pour la sémiotique et les intrigues labyrinthiques (Le labyrinthe du roman Le Nom de la rose est un labyrinthe maniériste et celui où vit Guillaume est suggéré comme étant un rhizome. Les labyrinthes suggérés dans le roman ne sont toutefois pas spatiaux, mais mentaux.) définit trois types de labyrinthes :
Une ruse simple pour trouver la sortie (un trou) d'un labyrinthe consiste à longer en continu soit le mur de droite, soit le mur de gauche du labyrinthe (par exemple en laissant sa main sur le mur sans jamais l'enlever).
Cette technique ne permet cependant pas d'accéder, par exemple, au centre d'un labyrinthe dit « à îlots » (ou encore de sortir d'un tel labyrinthe lorsque l'on atterrit en son centre) : en effet, dans de tels labyrinthes, le centre n'est pas rattaché au reste du labyrinthe, et on tourne donc en rond lorsque l'on longe les murs. (voir l'article détaillé).
La plus ancienne représentation d'un labyrinthe a été trouvée dans une tombe sibérienne datant du paléolithique : il s'agit d'un dédale de sept circonvolutions, entouré de quatre doubles spirales, le tout gravé sur un morceau d'ivoire de mammouth[6]. On trouve aussi des labyrinthes au temps du néolithique, au bord du Danube, près de la mer Égée, en Savoie, en Irlande, en Sardaigne, au Portugal, en Italie (au Val Camonina, il y a 4 000 ans), à Malte ou encore à Belgrade, sur des figurines datant de 7 000 ans[réf. souhaitée]. Ces tracés sont inscrits dans des carrés ou des cercles, accompagnés de dessins d'ours, d'oiseaux ou de serpents. Sur l'île de Gavrinis, en Bretagne, il a été découvert une galerie avec de multiples embranchements. Les changements de direction sont indiqués notamment par des spirales[7]. Ces tracés labyrinthiques s'inscrivent toujours dans des lieux sacrés.
Ainsi, d'après Jacques Attali, le labyrinthe apparaît non seulement comme un symbole, mais aussi comme le support d'un mythe, voire un mode de communication : un langage avant l'écriture[8].
Le labyrinthe le plus ancien aurait été construit, selon Hérodote[9], par Amenemhat III, pharaon de la XIIe dynastie, qui aurait eu pour projet de construire près du lac Moéris (actuel Birket-Karoun), son palais monumental, comportant une suite de 3 000 salles et couloirs sur plusieurs niveaux. Ce labyrinthe aurait été construit pour que les Égyptiens se souviennent des noms de leurs douze rois et pour célébrer la dodécarchie : « Les Égyptiens s'étaient trouvés libres après le règne d’Héphaïstos. Mais, incapables en tout temps de vivre sans roi, ils s'en donnèrent douze, en divisant l'Égypte entière en douze lots […] Une de leurs décisions fut de laisser un monument commun qui rappelât leurs noms : ceci décidé, ils firent construire un labyrinthe au-dessus du lac Moéris et proche de la ville qu'on appelle Crocodilopolis[10]. » Cet édifice aurait d'ailleurs inspiré Dédale pour la construction de la prison qui devait enfermer le Minotaure. L'historien grec Hérodote parle par ailleurs du labyrinthe d'Égypte comme une des Sept Merveilles du monde, si grand et si merveilleux que la grande pyramide paraîtrait bien modeste à ses côtés. Le temple d'époque pré-dynastique, appelé l'Escargot, à Abydos, est peut-être une partie infime de ce gigantesque labyrinthe qui n'a pas encore été retrouvé.
Toujours en Égypte, la pyramide de Hawara possède un véritable labyrinthe, pour accéder au temple funéraire. Selon Hérodote, ce monument comptait douze cours principales entourées de galeries et de salles. Strabon soulignait qu'il y avait autant de salles dans le labyrinthe que de nomes (divisions administratives) dans le pays.
On situe en Crète, l'île du roi Minos, le labyrinthe du Minotaure construit par Dédale ; c'est en effet sur l'ordre de ce roi qu'il fut construit, afin d'y faire enfermer la créature monstrueuse née des amours de la reine Pasiphaé et d'un taureau. Étymologiquement, le mot dériverait du terme grec labrys qui désigne une hache, plus exactement une double hache comme celles dont on a retrouvé des reproductions gravées dans la pierre à Cnossos. Les recherches archéologiques faites en Crète sur les palais minoens, notamment celui de Cnossos, révèlent effectivement des constructions étendues, dont le plan d'ensemble est complexe. Le mythe du Labyrinthe pourrait n'être qu'une transposition de cette complexité architecturale.
Une carrière située près de Gortyne, appelée Labyrinthe et mentionnée par différents auteurs depuis le Moyen Âge, est aussi parfois considérée par ces derniers comme le site du labyrinthe mythologique.
Par antonomase ou métonymie, on appelle dédale, du nom du constructeur légendaire du labyrinthe crétois, tout lieu où l'on risque de s'égarer en raison de la complexité des tours et détours et, abstraitement, tout ensemble de choses embrouillées et confuses ; de sorte que les deux mots labyrinthe et dédale sont pratiquement synonymes.
D'après la légende, seules trois personnes ont réussi à sortir du Labyrinthe[11] : Dédale, Icare et Thésée.
Comme toujours, les variantes du mythe sont nombreuses : selon les versions, Dédale et son fils Icare ont été enfermés par Minos lui-même : le commanditaire de l’ouvrage voulait être certain que son créateur n’en divulguerait pas les plans. Or, la conception était tellement parfaite que l’architecte lui-même était bien incapable d’en trouver la sortie. Pour d'autres[12], il fut puni pour avoir donné l'idée du fil à Ariane. Dans tous les cas, il dut recourir à un ingénieux stratagème : fuir par les airs, en s’envolant grâce à des ailes faites de plumes collées avec de la cire.
La troisième personne sortie du Labyrinthe est Thésée : venu en Crète pour tuer le monstre, il rencontre Ariane, fille de Minos, qui s’éprend de lui ; aussi lui donne-t-elle, avant qu'il pénètre dans le monument où il doit se perdre, une pelote de fil qu’il déroulera derrière lui au fur et à mesure qu’il avance dans les galeries : cette ruse doit lui permettre de retrouver son chemin, une fois sa mission accomplie ; c'est le fameux « fil d'Ariane »[13].
Ainsi dans le mythe grec, Thésée incarne le courage et la force : c'est lui qui affronte et terrasse le Minotaure, tandis qu'Ariane incarne la finesse et l'intelligence.
Après avoir fui la Crète, Thésée arrivant à Délos inventa une danse en rond « sur une combinaison de mouvements alternatifs et circulaires »[14], les uns derrière les autres, autour de l'autel d'Apollon. Cette danse évoquait le fil d'Ariane, les détours du labyrinthe. Elle fut dansée pendant de très nombreuses années sur l'île de Délos et à Athènes[15]. Cette danse, appelée geranos ou danse des grues, en l'honneur du dieu Apollon, est peut-être une survivance d'une danse très archaïque effectuée dans le labyrinthe, effectuée par les dieux Ariane et Dionysos, deux divinités grecques archaïques représentant la Nature sauvage et indomptée. En effet, le labyrinthe crétois, avant d'être le lieu où Thésée affronte le Minotaure, est un lieu pour la danse, comme le raconte Homère dans l’Iliade. La danse d'Ariane et Dionysos au sein du labyrinthe symbolise le combat pour la vie et l'immortalité. Durant leur danse, la vie et la mort s'entrecroisent et tissent le damier de l'existence. Danser dans le labyrinthe, c'est partir à la conquête de l'immortalité[16].
Le mythe du labyrinthe est une double représentation de l’Homme et de sa condition : il représente l’Homme obscur à lui-même, qui se perd en prétendant se connaître. Il symbolise l’âme humaine dans toute sa complexité, au plus intime d'elle-même renfermant le mal (ainsi peut s'interpréter l'image de la créature monstrueuse qu'est le minotaure enfermé au cœur du labyrinthe). Le labyrinthe représente aussi l’Homme face à l’univers : perdu, ne sachant d’où il vient, où il est, où il va, et cherchant à sortir de cet état, c’est-à-dire à trouver des réponses aux questions qu'il se pose. Le labyrinthe est ainsi une métaphore sur le sens de la vie : l'envol de Dédale et Icare peut symboliser l’élévation de l’esprit vers la connaissance ou celle de l’âme vers la spiritualité, qui permet de sortir de l’enfermement et de l'absurdité de la condition humaine.
La légende grecque reprend quelques aspects du mystère égyptien : la mort, la possibilité d'égarement, le fil conducteur et la quête du centre. Il s'agit de parvenir au centre du labyrinthe où se fait la confrontation, puis d'en sortir par le même chemin, mais avec un état supérieur de conscience. La sortie du labyrinthe commence au centre, d'où débute le chemin du retour.
En dehors de la légende du Minotaure, le labyrinthe, en tant que symbole d'un cheminement initiatique long et difficile, est connu de nombreuses civilisations anciennes, au point que l'on peut parler d'archétype universel : les hommes préhistoriques, les Mésopotamiens, les Scandinaves, les Hopis, les Navajos, les Indiens, les aborigènes d'Australie, les Touaregs, les Zoulous d'Afrique, les juifs de Palestine, les Mayas… ont dessiné des labyrinthes. En Inde, le mandala est une figure labyrinthique : il s'agit d'un cercle sacré, au sein duquel on trouve des divinités bouddhiques.
De même, en Chine, on trouve des labyrinthes gravés dans la grotte de T'ong T'ing, sous la forme de chemins d'encens dont la consumation sert à mesurer le passage du temps. Ils servent surtout la nuit, lorsque le soleil ne peut éclairer[17].
En Scandinavie, il n'est pas rare de trouver nombre de labyrinthes, dont les murs délimitant les chemins sont construits avec des pierres de différentes dimensions. La figure de fylfot (svastika sacré) ainsi construite, et fondée sur neuf points (chiffre sacré), peut être trouvée sur des îles isolées. Elle sert pour des danses ou des jeux traditionnels[18]. Des labyrinthes constitués de cailloux sont courants en Finlande.
Les Romains représentent souvent le labyrinthe en mosaïques notamment, comme dans la villa du Labyrinthe à Pompéi.
Dans ces différentes cultures, les labyrinthes de pierre ou de gazon présentent toujours un parcours unique avec une sortie rapide. Parcourir le labyrinthe, seul ou avec l'ensemble de la communauté, est alors l'occasion d'une introspection. Les méandres symbolisent le cours de la destinée humaine, ses pièges et ses tourments[réf. nécessaire].
Citons aussi l'île de Malekula[19] au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, qui possède de nombreux labyrinthes, utilisés dans des rites sacrés. Leur centre symbolise le passage entre le monde des vivants et celui des morts.
Des tracés de chemins tortueux ont été taillés dans les parois rocheuses du désert américain et sur les falaises scandinaves. Des labyrinthes ont été créés dans la tourbe au pays de Galles et en Angleterre (comme le Julian's Bower (en) à Alkborough[20]). Monstres et géants font partie de ce mythe, et les églises elles-mêmes se sont servies de son symbolisme. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une amusante curiosité, dont l'un des modèles les plus connus est celui de Hampton Court en Angleterre.
Lorsque se développe le christianisme, bien souvent au lieu d'effacer ou de combattre les signes des rites antérieurs, le nouveau culte les récupère : ainsi sont absorbés les dieux, les temples, les cathédrales, les reliques, les fêtes agricoles et les labyrinthes présents dans les tombeaux ou les différents espaces sacrés des cultes païens[21]. À noter que la Bible n'évoque aucunement l'existence de labyrinthes, si ce n'est, indirectement, celui formé par les murailles qui entouraient et protégeaient la ville de Jéricho[22].
Le plus ancien labyrinthe connu dans un édifice chrétien est trouvé à à El-Asnam en Algérie, dans les vestiges de la basilique de San Reparatus qui date de 324[23]. Il faut attendre le VIe siècle pour voir apparaître des labyrinthes d'églises en Europe : le plus ancien se trouve à la basilique San Vitale de Ravenne en Italie. Mais le symbole hautement païen du labyrinthe est abandonné durant tout le Haut Moyen Âge, pour n'être repris qu'au XIIe siècle. Ce trait est devenu commun à bon nombre d'églises et à la plupart des grandes cathédrales d'Europe. Les plus vastes se trouvent dans les cathédrales françaises : Poitiers, Amiens, Arras, Auxerre, Reims, Bayeux, Chartres, Mirepoix, Saint-Omer, Saint-Quentin, Toulouse. Le labyrinthe y est toujours situé du côté ouest, la direction d'où viennent les démons (l'ouest, où le soleil disparaît, représentant la direction de la mort). Ne pouvant se déplacer qu'en ligne droite, les démons étaient ainsi piégés avant d'arriver au chœur[24].
À travers les siècles, le labyrinthe d'église a connu différentes appellations : « le dédale » (en référence à l'architecte du labyrinthe crétois), « le méandre », « le chemin de Jérusalem », « la lieue » (car il fallait pour parcourir le labyrinthe à genoux le même temps que pour faire une lieue à pied), « la Via Dolorosa » (en évocation du chemin que prit le Christ entre le tribunal de Ponce Pilate et le Golgotha)… Le centre, lui, était nommé « paradis » ou encore « Jérusalem Céleste ». Ces chemins étaient suivis, si possible à genoux, par les pénitents qui ainsi réalisaient symboliquement un voyage en Terre sainte et s'épargnaient un pèlerinage réel, pas toujours possible, notamment pour les pauvres. Le dédale était une représentation optimiste de la sanction finale, car il ne comportait quasiment jamais d'embranchements, ni boucles, ni culs-de-sac, et ne demandait, pour aboutir au centre, que de la persévérance.
Quelques labyrinthes, de formes diverses, ont ainsi été découverts dans toute l'Europe. Mais la structure dite « officielle » du labyrinthe d'église est une forme circulaire à onze anneaux concentriques. Depuis l'Antiquité, le cercle est le symbole de l'éternité, de l'infini et par conséquent, de la puissance de la Divinité[24]. Il est aussi le symbole du soleil, parfois assimilé au Christ.
Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres est une figure géométrique circulaire de 12,89 m de diamètre[25] inscrite dans toute la largeur du pavage de la nef principale, entre les troisième et quatrième travées. Elle représente un tracé continu déployé de 261,55 m[25], partant de l'extérieur et aboutissant au centre, en une succession de tournants et d'arcs de cercle concentriques. Son dessin sur le sol résulte d'une opposition de pavages blancs et noirs. Le centre était autrefois orné d'une plaque de cuivre qui aurait représenté Thésée, Dédale et le Minotaure (elle a été retirée en 1792)[26],[27],[28]. Autour du centre, les couloirs se déroulent en onze cercles, la perfection étant symbolisée par le nombre 12. Les croyants (et notamment les pèlerins de Compostelle) suivaient le tracé sans réellement contrôler la direction, commençant par se diriger droit au but, vers le centre, avant de s'en éloigner, le labyrinthe forçant ainsi les fidèles à de multiples détours. Les sinuosités devaient symboliser les tribulations de la vie chrétienne. Les déambulations lors de ce parcours symbolique constituent un véritable chemin spirituel et c'est l'occasion pour le croyant d'une longue introspection[29].
Son parcours serait composé de 276 pierres blanches dont les trois premières de dimensions différentes[30]. Publiant la revue Caerdroia consacrée aux labyrinthes, Jeff Saward signale sur le site labyrinthos[31] une opinion de plus en plus répandue : le nombre exact de pierres formant le tracé du labyrinthe de Chartres, 270 ou 272 pierres, correspondrait symboliquement au nombre de jours de la grossesse et donnerait au labyrinthe le sens d'une nouvelle gestation. Cet auteur met pourtant en doute la possibilité de fournir un décompte exact du nombre de pierres formant le tracé du labyrinthe, en raison des brisures apparaissant sur les pierres depuis leur pose et de possibles réparations. De telles affirmations découlent probablement d'un manuscrit non publié de Robert Ferré, A Day at Chartres (1995), qui crédite le chanoine Legaux et avant lui Jean Villette d'avoir fait un compte précis de 272 pierres. Jean Villette avait lui-même eu l'attention attirée[32] par une note en bas de page figurant dans un article de Gilles Fresson[33]. Paradoxalement, ce dernier n'avait compté que pour couper court à toute tentative d'interprétation exagérée, tandis qu'un ouvrage grand public[34] donnait alors le nombre de 365 pierres. Cet exemple précis montre, parmi tant d'autres, combien le labyrinthe de Chartres, fascinant les contemporains, donne lieu à de nombreuses récupérations, issues de mouvements marqués par leur grande diversité (géobiologie, psychologie comportementale, nouvel âge, templiers, spiritualités orientales)[35],[36] et auxquelles il ne faut pas prêter de valeur scientifique ni historique.
Le labyrinthe n'est pas visible tout le temps, des bancs étant placés sur le dallage. Mais de Pâques à la Toussaint, et parfois le reste de l'année[37], il est découvert le vendredi et les fidèles peuvent y déambuler[24]. Si le labyrinthe de Chartres est constitué d'arcs de cercles, celui d’Amiens est constitué de segments de droites[38], mais selon un plan rigoureusement identique à celui de Chartres. De même, la basilique de Saint-Quentin propose aussi, sur son pavé, un labyrinthe déambulatoire. La ville de Toronto au Canada s'est inspirée du labyrinthe de la cathédrale pour construire son propre labyrinthe dans le parc de Trinity Square à proximité de l'hôtel de ville[39].
On trouve un des plus petits labyrinthes d'église à la cathédrale de Lucques en Italie (voir illustration). Il est gravé sur le mur, et mesure environ 50 cm de large. Les fidèles suivaient le parcours du doigt : c'est un labyrinthe digital. À l'intérieur, on reconnaît — quoique difficilement — les figures usées de Thésée et du Minotaure gravées au centre. L'inscription dit : « Hic quem Creticus edit Daedalus est labyrinthus de quo nullus vadere quivit qui fuit intus ni Theseus gratis Ariane stamine jutus », ce qu'on peut traduire par : « Ceci est un labyrinthe que bâtit le Crétois Dédale, duquel personne, y ayant pénétré, ne put sortir sauf Thésée, grâce au fil d'Ariane ».
À la fin du Moyen Âge, le labyrinthe devient synonyme de mal : il est le lieu maudit de la luxure, du péché, de la perdition et de l'errance. À partir du XIVe siècle, les hommes d'Église vont procéder à l'effacement des labyrinthes dessinés sur le sol. Ceux qui ne peuvent être détruits sont détournés en jeux totalement dérisoires ou sont cachés sous des tapis. En 1538, un arrêt du Parlement de Paris interdit encore ces dessins. Au XVIIIe siècle, on détruit ceux de la cathédrale de Sens, de Poitiers, d'Auxerre, d'Arras et d'Amiens (en 1825, réédifié peu après)[réf. nécessaire]. Un labyrinthe se trouve dans les ruines de l'abbaye Saint-Bertin, à Saint-Omer.
Le labyrinthe de la cathédrale de Reims est ainsi détruit en 1779 à cause du bruit produit par les jeunes fidèles qui s'amusaient de ses dédales pendant les offices. Celui-ci, appelé le labyrinthe de Salomon, était le signe de l'existence indéfinie et de la mutabilité de la matière[réf. nécessaire].
Ce mouvement de destruction massive est suivi dans tous les autres pays chrétiens, car les labyrinthes représentaient une concession impardonnable au paganisme. Seuls subsistent encore aujourd'hui ceux de Saint-Quentin, Bayeux et Chartres (d'autres ont été reconstruits par la suite)[24].
Certaines enluminures labyrinthiques ont par ailleurs été remarquées dans quelques manuscrits religieux, comme le Livre de Kells, réalisé par des moines celtes vers l’an 800.
Le cercle dans lequel s'inscrit le labyrinthe symbolise l'unité, la perfection : il renvoie à la finitude de la vie[40]. Dans de nombreuses cultures, l'Univers est représenté par une série de cercles concentriques. L'ovale représente en général le féminin, les lignes brisées rappellent les rivières, et les lignes droites, la pluie (l'eau étant le symbole de la vie). Le carré, quant à lui, représente l'Univers ou la Terre, la Création, et la croix centrale, le Cosmos, avec une ligne verticale (symbole de l'esprit masculin) et une ligne horizontale (symbole de la matière féminine), dont le point de rencontre est l'humanité. Le labyrinthe est donc une représentation de la vie même[41]. La spirale peut aussi représenter le devenir : elle implique une vision cyclique de l'histoire, « Tout revient éternellement, mais avec une dimension nouvelle, parfaite contradiction de la ligne, de la conception unilinéaire du temps[42]. »
Le labyrinthe est aussi un archétype de la Connaissance. Son itinéraire se situe entre les Cornes du Monstre que l'initié doit affronter. Son parcours est un chemin d'épreuves correspondant à l'imagerie symbolique d'un pont à traverser. Ce pont archétypal est dénommé, dans la tradition mazdéenne Pont de Cinvat. Il sépare deux univers selon Henry Corbin. Le passage d'un univers à l'autre s'effectue au prix de cette traversée qui s'accomplit selon des stratégies précises, où rien n'est laissé au hasard, à l'instar de la sortie d'Égypte. Les directives devant mener à la sortie du labyrinthe sont consignées dans les rites et traditions.
Le labyrinthe est également symbole de voyage. Union entre la spirale et la tresse, il représente un voyage différent selon le but recherché : le traverser ou atteindre son centre. Dans le premier cas, l'épreuve est unique (le dernier voyage de l'homme vers la mort, ou le passage vers l'au-delà). Dans le second cas, l'épreuve peut être double, triple… car après avoir atteint le centre, encore faut-il pouvoir ressortir[43]. C'est l'image même de l'individu qui traverse une épreuve (physique, psychologique…), et qui doit sacrifier une partie de lui-même pour survivre. Celui qui a réussi devient un initié ; il entre dans une nouvelle vie (d'où l'importance des rites initiatiques depuis les hommes préhistoriques). Le face à face avec la mort permet à l'individu sa résurrection[44].
Pour Alain Benoist[45], le thème du labyrinthe associe une construction royale et une promesse non tenue, qu'il s'agisse du roi Minos et du labyrinthe, de la construction des murailles de Troie, ou de la forteresse d'Asgard… En outre, le thème implique obligatoirement une femme ou une déesse (Hélène pour Troie, Ariane en Crète, etc.)[46].
D'après le peintre Patrick Conty, le labyrinthe peut se former à partir de la déconstruction d’un nœud[47]. Contrairement à un malentendu courant, le labyrinthe n’est pas un dédale, il est unicursal. On ne s’y perd pas, au contraire on s’y trouve. Le labyrinthe représente le chemin suivi par Thésée guidé par le fil d’Ariane, menant hors du dédale à partir de son centre. Ce qui est embarrassant, c’est que personne ne s’entend sur ce que pouvait être le dédale et sur sa configuration. L’image du labyrinthe est alors toujours présentée hors contexte. Ce nœud qui se défait sans qu’on trouve les extrémités de la corde qui le compose est alors semblable au nœud gordien. D’après la légende, celui qui le dénouerait deviendrait le maître du monde. Deux symboles apparemment étrangers se trouvent alors réunis. Grâce à la déconstruction du nœud la configuration du dédale contenant le labyrinthe crétois peut aussi être découverte. Les deux symboles du labyrinthe et du dédale réunis offrent un sens nouveau. Sur son site internet, P. Conty émet aussi l’hypothèse que le dédale se présente comme l’image de la Khôra, le lieu où selon Platon, le démiurge créa les images et toute choses[48]. L’hypothèse que le dédale correspond à la Khôra est vraisemblable car Dédale représente bien l’aspect humain du démiurge. À partir de cette hypothèse, une théorie sur la nature des images peut être élaborée.
Jusqu’à la Renaissance, les labyrinthes de déambulation étaient un objet de spiritualité et ne se trouvaient que dans les édifices religieux. Ce n’est qu'à partir du XVIe siècle que des méandres de bosquets se répandent dans de nombreux jardins d’Europe apportant au labyrinthe une dimension profane : le plaisir de se perdre.
Le labyrinthe prend aussi la forme du jeu, (notamment celui du jeu de l'oie). Les créateurs multiplient les circonvolutions artistiques et sophistiquées. Enfin, ultime avatar, le labyrinthe est devenu le jeu de la marelle[réf. nécessaire]. Le radical de ce mot signifie « pierre », ce qui n'est pas sans rapport avec la construction de l'architecte Dédale. Mais par la forme même du tracé, ce jeu évoque les églises avec leur nef, leur transept et le chœur. Pareille christianisation du mythe initial montre qu'il s'agit maintenant non plus de s'égarer ou d'interdire à quelqu'un de trouver la sortie, mais insiste sur le cheminement spirituel à suivre : l'âme doit passer de la terre (l'entrée de l'église) au ciel (symbolisé par le chœur) en connaissant diverses vicissitudes (les cases de la nef et du transept). Mais il est vrai que jamais les enfants ne se sont rendu compte qu'ils jouaient en fait… le salut de leur âme.
L'écrivain Jacques Attali[49] use de la métaphore du labyrinthe pour décrire le monde moderne. Celui-ci s'est en effet tellement complexifié qu'aujourd'hui la réussite d'un parcours dépend plus, selon l'auteur, du hasard des choix que du travail effectivement produit. Fort de ce constat, s'impose dès lors la naissance du concept de labyrintheur.
Des articles récurrents de la presse automobile ont reproché aux concepteurs d'échangeurs autoroutiers urbains de créer des labyrinthes où le conducteur se trouvait dans l'obligation de prendre à droite pour aller à gauche, etc. L'aménagement des gares parisiennes sur plusieurs niveaux (gare de Paris-Montparnasse, gare du Nord) démontre que les voyageurs arrivent à s'orienter assez commodément sur un graphe planaire, mais que certains sont désorientés par la multiplication des niveaux.
C'est à partir du XVIe siècle que les Italiens transposent le labyrinthe dans les jardins puis la mode se répand. Au château de Versailles, le labyrinthe, créé par Le Nôtre en 1665 et détruit en 1778, n'existe plus mais il figure encore sur le plan.
Jean-Sébastien Bach a réalisé une pièce musicale illustrant les tournoiements et la difficulté de sortir d'un labyrinthe végétal, à l'époque où ceux-ci étaient en faveur : Le Petit Labyrinthe musical[50].
Aujourd’hui, largement répandu en Europe, le labyrinthe végétal constitue un nouveau concept touristique. Parfois éphémères (champ de maïs, comme à Beaugency[51]) mais le plus souvent permanents (thuyas ou hêtres par exemple), les labyrinthes végétaux se rapprochent des tracés initiatiques des époques païennes. Percés de dédales fantaisistes, ils s’accompagnent d'attractions basées sur des contes de fées, des énigmes à résoudre, etc. C'est le cas du labyrinthe du Petit Poucet dans les jardins de Bagatelle[52], ou du labyrinthe de graminées et son jeu de l'oie dans le parc du château de Chantilly[53]. Par ailleurs, dans le jardin botanique du parc animalier du château de Thoiry, se situe le plus grand labyrinthe interactif du monde.
Le plus grand labyrinthe végétal permanent au Monde[54] se trouve en France, sur la commune de Guéret en Creuse. Sur 22 000 m2 et ses 4,5 km d'allées engazonnées. Il est l'attraction majeure d'un parc de loisirs. Nous trouvons également des labyrinthes éphémères, en maïs, comme en Auvergne dans le Puy-de-Dôme : le Labyrinthe des volcans qui depuis 11 ans propose un tracé et une thématique différents chaque année[55].
En Europe, de nombreuses réalisations peuvent être visitées, telles que le Labyrinthe de Barvaux près de Durbuy en Belgique[56] ou encore celle d'Evionnaz en Suisse[57], en France celle du parc d'Artmazia à Massy en Haute-Normandie[58], créée en 2001 par le sculpteur anglais Geoff Troll avec 4 000 hêtres, celle de Guéret dans la Creuse[54], celle du jardin du prieuré d'Orsan (Cher) ou celle du château de Vendeuvre[59]. On en trouve dans toutes les régions, par exemple en Bourgogne (Toulon-sur-Arroux), en Alsace (Ribeauvillé dans le Haut-Rhin)[60], en Lorraine (Vigy en Moselle) [61] et bien sûr en Île-de-France (parc du château d'Auvers-sur-Oise)[62].
Labyrinthe végétal dans le « jardin anglais » du parc Schönbusch, à Aschaffenbourg (Allemagne).
Tripoint de Vaalserberg, Pays-Bas.
Labyrinthe de maïs : une représentation du Graoully en 2005, Moselle, France.
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C'est dans le parc du château de Merville, aux portes de Toulouse, que se trouve le plus grand labyrinthe de buis d'Europe, classé monument historique. Au XVIIIe siècle, le marquis de Chalvet-Rochemonteix, sénéchal de Toulouse, décide de faire édifier un somptueux château de briques roses et de créer un jardin de buis démesuré dans le parc. Passionné d’architecture, il en conçoit lui-même les plans et compose quatre hectares de dédales, bordés de murs de buis et ponctués de jolis salons de verdure.
Par leur construction, certaines villes ressemblent à des labyrinthes.
Bien que le thème du labyrinthe soit présent dans de nombreuses civilisations, on n'en trouve pas la trace dans la Bible. Cependant, selon un manuscrit hébraïque datant du XVe siècle, la ville de Jéricho serait entourée de murailles formant sept cercles concentriques et Jacques Attali croit pouvoir y déceler l'existence d'un labyrinthe[63]. Jérusalem est également associée au mythe du labyrinthe : ville sainte, elle est le centre de l'enseignement du Christ et l'aboutissement du pèlerinage en Terre sainte. Elle représente aussi la cité parfaite où l'on accédait à la rédemption de l'âme[64].
Le site de Stonehenge serait, selon l'écrivain Jorge Luis Borges[65], un labyrinthe avec plusieurs sorties[66].
On peut considérer que Tokyo est la ville labyrinthe par excellence. Les croisements et les rues n'ont ni nom, ni signalisation. La ville juxtapose une suite de quartiers, d'escaliers, d'autoroutes empilés[67]. Cet aspect est d'ailleurs un des thèmes majeurs du film d'animation Kakurenbo.
Dans La Solitude du labyrinthe, 1997, Paul Auster, répond à une série de questions sur sa vie, sa carrière, son œuvre, sur sa ville natale, New York, et plus particulièrement sur Brooklyn : selon lui, New York posséderait elle aussi — paradoxalement — cette complexité. Dans son œuvre La Cité de verre, les personnages se perdent dans les cheminements des avenues qui ne sont nommées que par des numéros.
Une approche mathématique permet la génération de labyrinthes modernes. Les labyrinthes peuvent être modélisés dans un espace multidimensionnel, les plus courants étant les labyrinthes en deux dimensions. Concernant ces derniers, on discrétise le plus souvent l'espace en cellules carrées.
Pour expérimenter ses études psychologiques sur la mémoire, Burrhus Frédéric Skinner créa, dans les années 1930 et 1940, des boîtes dans lesquelles il élaborait des labyrinthes. À l'intérieur, il y plaçait des rats : ces derniers devaient parcourir ces labyrinthes le plus rapidement possible, signe d'apprentissage du trajet et de sa mémorisation.
Quelques années plus tard (1945), deux scientifiques Edward Tolman et Roman Honzik[68], compliquèrent ce labyrinthe, afin de démontrer l'apprentissage lent du rat[69].
Abraham Moles et Élisabeth Rohmer[70]. Dans leur phénoménologie du comportement généralisent l'appellation de labyrinthe à tout système où la démarche de l'homme est contrainte, non isotrope. Le labyrinthe apparaît comme la forme canonique de l'espace.
La psychologie expérimentale étudie dans un premier temps des labyrinthes intrinsèques, dépourvus de stimuli esthétiques sensoriels : « des labyrinthes de couloirs à parois uniformes, dans lesquels par conséquent les seuls faits de conscience sont ceux attachés au mouvement : progrès, retour, butée, décision, redécouverte ».
Des expériences réalisées sur des vers, des rats, des singes, ou des étudiants, dans des labyrinthes à leur échelle ont permis de mettre en exergue différents micro-événements : marcher droit devant soi, tourner à gauche, tourner à droite, décision aller à droite ou à gauche, retourner sur ses pas de son propre mouvement, le retour en un point déjà parcouru, etc., auxquelles sont attachées différentes réactions. Par exemple, dans le fait de retourner sur ses pas au bout d'un cul-de-sac, « l'être doit reconsidérer sa décision, rencontrer un micro-échec et le prendre en charge dans le bilan de son expérience »[70].
Ce qui est frustration et échec partiel dans le parcours d'un labyrinthe géométrique peut se transformer en expérience positive dans un labyrinthe à stimuli tel que peut l'être un trajet urbain. Les études faites sur les labyrinthes avec stimuli esthétiques sensoriels sont difficilement quantifiables et rajoutent de nombreuses dimensions au labyrinthe intrinsèque. L'être qui s'est mis en situation labyrinthique et qui l'a fait de façon délibérée consent à jouer un jeu dans lequel il va être conditionné par différents facteurs : l'existence d'une anxiété liée à l'ignorance du trajet solution, l'existence d'un plaisir lié à des sommes de micro-découvertes successives effectuées, le plaisir de la solitude, le plaisir de la découverte[70].
La phénoménologie du comportement renseigne sur la façon d'aborder un labyrinthe quel qu'il soit.
La figure du labyrinthe apparaît souvent dans la littérature, que les œuvres littéraires prennent le labyrinthe pour thème, ou qu'elles adoptent elles-mêmes une structure labyrinthique. Selon Vincent Message, « le labyrinthe est un des symboles les plus puissants dont la littérature dispose pour figurer un environnement hostile à l’être humain : les difficultés de parcours s’y matérialisent sous forme d’obstacles physiques, l’impasse y représente l’erreur, tandis que l’adversité abstraite peut y devenir un danger de mort des plus concrets[71]. »
Certains auteurs, comme Jorge Luis Borges, valorisent le labyrinthe en le peignant comme le symbole de la perplexité des hommes face aux mystères de la vie. De nombreuses œuvres sont imprégnées du dédale, qui peut représenter un mouvement de l’extérieur vers l’intérieur, de la forme à la contemplation, de l’espace à l’absence d’espace, du temps à l’absence de temps, de la multiplicité à l’unité. Le labyrinthe devient l’image d’un chaos initial ordonné et agencé par l’intelligence humaine.
Parmi les principales œuvres littéraires empruntant elles-mêmes la forme du labyrinthe, il faut citer : la Divine Comédie, de Dante où les personnages de Virgile et Dante lui-même descendent en Enfer à travers neuf cercles concentriques, la descente étant relatée dans vingt-quatre chants, et Ulysse, de James Joyce (1922) roman qui relate les pérégrinations labyrinthiques de Leopold Bloom, petit bourgeois sans histoire, à travers les rues de Dublin, au cours du 16 juin 1904.
On trouve le thème du labyrinthe dans les Métamorphoses d'Ovide (Livre VIII[72]), ou Le Labyrinthe de Versailles de Charles Perrault.
Le "labirynthe" (le terme est ainsi orthographié par Rabelais dans l'édition de 1534, 1535, 1537 et les deux éditions de 1542) de l'Abbaye de Thélème (chapitre 55) dont il est question dans Gargantua de Rabelais trouve un écho dans Le Nom de la rose d'Umberto Eco (1980) où le labyrinthe abritant la bibliothèque de l'abbaye se veut une représentation du monde qui transparaît finalement dans le classement des œuvres. Alain Robbe-Grillet a abordé le thème du labyrinthe à plusieurs reprises, que ce soit dans son roman Dans le labyrinthe (1959) ou dans Les Gommes (1953), où le personnage principal, Wallas, erre dans une ville du Nord afin de retrouver l'assassin de Daniel Dupont, dont le cadavre reste introuvable.
Le labyrinthe se retrouve fréquemment dans la littérature hispano-américaine : outre les contes de Borges et de Cortázar, on peut citer la biographie romancée de Bolivar écrite par Gabriel García Márquez, Le Général dans son labyrinthe.
En 2000, le romancier américain Danielewski a donné une version magistrale du mythe dans son roman La Maison des feuilles, avec l'histoire d'une famille qui, de retour de voyage, découvre un labyrinthe dont la forme change en permanence au beau milieu de leur maison. L'ouvrage de Danielewski est de facture extrêmement originale. En premier lieu, le format et la structure du livre ne sont pas conventionnels, sa mise en page et son style sont tout aussi inhabituels. Il contient par exemple de copieuses notes de bas de page, qui contiennent souvent elles-mêmes des annotations. Un autre trait distinctif du roman réside dans ses narrateurs multiples, qui interagissent les uns avec les autres de manière déroutante. Enfin, le récit se dirige fréquemment dans des directions inattendues. Autant de caractéristiques qui contribuent à en faire une œuvre labyrinthique.
En fantasy, le Cycle des Princes d'Ambre de Roger Zelazny utilise la figure du labyrinthe médiéval sous deux formes. La marelle est un schéma représentant un trajet unique fixe de l'entrée au centre. Celui-ci est l'origine de la réalité de l'Ordre. Le Logrus est un schéma semblable, la seule différence tient à la mobilité du trajet qui lui permet de définir l'origine du Chaos. Les deux schémas sont initiatiques pour les deux cours ennemies.
L'œuvre de science-fiction de Robert Silverberg, L'Homme dans le labyrinthe, date de la deuxième moitié des années 1960 et raconte l'histoire d'un personnage qui se cache, comme une bête malade, dans un labyrinthe parce qu'à la suite d'une rencontre avec une ethnie extra terrestre il communique à ceux qu'il approche un sentiment insupportable de dégoût/malaise. On peut citer encore Labyrinth, de Kate Mosse (2006) où le personnage principal, Alaïs, tente de percer le secret du Graal, en parcourant différents labyrinthes complexes.
Certaines œuvres de littérature jeunesse traitent du labyrinthe et de sa symbolique. L'exemple le plus célèbre est Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (1865), où Alice doit parcourir un labyrinthe afin de pouvoir rejoindre la Reine de Cœur (chapitre 8). Dans Le Petit Poucet de Charles Perrault (1697), le personnage principal, que ses parents ont décidé de perdre dans l'immensité de la forêt, sème derrière lui des petits cailloux blancs, puis des miettes de pain, pour retrouver le chemin de sa maison. On reconnaît là une transposition du mythe grec, les cailloux ayant la même fonction que le fil fourni par Ariane, celle de se repérer dans un monde inconnu et complexe et ainsi de faire triompher la ruse et l'intelligence.
Quelques auteurs de bandes dessinées ont su exploiter la figure du labyrinthe dans leurs œuvres. Citons quelques exemples avec Le Labyrinthe infernal, tome 9 des aventures d'Adèle Blanc-Sec, par Jacques Tardi2007, Le Labyrinthe, tome 4 de la série Relayer d'Eric Liberge et Vincent Gravé, 2006, Les Dix Dalles du labyrinthe, tome 2 de la série Tessa agent intergalactique de Nicolas Mitrix et Stéphane Louis[73]. Dans les Idées Noires de Franquin, un prisonnier est enfermé dans une planète-labyrinthe, ou encore dans un des tomes de la série Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves de Marc-Antoine Mathieu, le héros parcourt un ensemble de pièces en marchant sur le haut des murs.
Le journal de Spirou publia dans son numéro 1 000 un labyrinthe « en 4D » : il s'agissait en fait de deux labyrinthes imprimés sur les deux faces d'une feuille et communiquant par des trous dans la feuille (2 fois 2D, donc, ce qui n'a pas la complexité réelle du 4D).
Le thème du labyrinthe a été de nombreuses fois exploité au cinéma, notamment en science-fiction. En général, le personnage principal est enfermé dans un labyrinthe (physiquement ou psychologiquement) et tente par tous les moyens de s'en sortir. Le thème est notamment repris dans :
Dans la série télévisée Prison Break, de Paul Scheuring (2005), le personnage principal Michael Scofield se fait tatouer le plan de la prison dans laquelle est enfermé son frère, sous forme de labyrinthe, puis se fait lui-même emprisonner pour l'aider à s'évader[76].
Quelques compositeurs ont su mettre en musique la complexité du labyrinthe. D'une façon générale, la musique de Jean-Sébastien Bach s'appuyant sur la fugue et le contrepoint peut évoquer une construction labyrinthique. Très explicitement, Bach a écrit une pièce intitulée Petit labyrinthe harmonique. De façon assez significative, un groupe de musiciens classiques (ensemble de musique ancienne XVIe-XVIIe – XVIIIe siècle) a choisi de se nommer Le labyrinthe[77].
Dans la musique et la chanson contemporaine, citons pèle-mêle : Le Labyrinthe, Yves Duteil, 1976[78], Les Folies d'Espagne - suite en mi - le labyrinthe, de Marin Marais (compositeur), interprété par Marianne Muller[79] 2006, ou encore Song From The Labyrinth, de Sting, 2006. Le 3e album de Julien Ribot s'intitule Vega, ou le voyage labyrinthique du Nouveau Chimpanzé.
Du XVe siècle av. J.-C. au Ier siècle de l'ère chrétienne, l'image du labyrinthe crétois figurait sur les pièces de monnaie : parfois représenté sous forme circulaire ou sous forme carrée[80],[81], ou encore sur les poteries grecques, des sculptures en marbre[82], des mosaïques[83].
Les représentations du labyrinthe en peinture sont particulièrement nombreuses : qu'il s'agisse d'une peinture italienne du XVe siècle Thésée et Ariane[84], gardée au musée du Louvre de Paris, ou encore une illustration des Métamorphoses[72]) d'Ovide. Il a d'ailleurs été trouvé, il y a peu, une carte du monde datant du XIIIe siècle réalisée par Richard Hallington. Sur l'emplacement de la Crète, figure un labyrinthe, avec l'inscription Laborintus is est domus Dedalli (Ceci est le labyrinthe, la maison de Dédale)[85].
Le thème du labyrinthe a été traité dans de nombreuses œuvres du peintre véronais Davide Tonato. L’historien d’art Giordano Berti l’a défini comme « le prince des labyrinthes », pour sa capacité à créer à partir de la technique raffinée du trompe-l'œil une série importante de structures résolument innovantes, presque plastiques. Le critique Vittorio Sgarbi, quant à lui, a fait le rapprochement entre les œuvres de Tonato et celles de Maurits Cornelis Escher[86].
De nos jours, la sculpture du labyrinthe n'est pas dénuée de symbolisme. Depuis plusieurs années, Marta Pan élabore des labyrinthes qui enferment l'espace vital de l'individu et le protègent contre le monde extérieur[87]. En 1996, Muriel Baumgartner a créé une exposition Labyrinthe, au Centre d'art contemporain Le Prieuré, à Gaillon[88]. Waclaw Szpakowski, artiste polonais (1883-1973), a travaillé lui aussi sur des dessins formés d'une seule ligne, labyrinthique et rythmique[89].
L'artiste danois Jeppe Hein a également réalisé un labyrinthe virtuel, invisible, dans lequel le spectateur est guidé par un casque qui vibre lorsqu'il rencontre un obstacle. La notion de labyrinthe est aussi au cœur du travail de l'artiste belge Eric Duyckaerts qui en fait le sujet de plusieurs de ses conférences/performances.
Le plasticien italien Michelangelo Pistoletto, issu de l’arte povera, a réalisé un labyrinthe de carton ondulé en 1969. Il en expose des variantes dans différentes galeries à travers le monde.
L'artiste français Baptiste Tavernier a réalisé de nombreuses œuvres sur le thème du labyrinthe[90]. Les dédales y symbolisent souvent les choix humains et leurs conséquences sur l'environnement: urbanisation, pollution, etc.
Le concept du labyrinthe a été exploité tout d'abord sous le nom de jeu de l'oie, puis sous celui de Labyrinthe[91]. Depuis quelques années, les jeux vidéo tels que Tomb Raider ou simplement « labyrinthe »[92] et plus anciennement Pac-man exploitent cette figure complexe.
De même, le pavillon du Labyrinthe était l'une des plus spectaculaires attractions grandeur nature de l'Exposition universelle de 1967 de Montréal, et comportait des innovations de projection d'images voisines de celles qui seront mises en place bien plus tard dans le Futuroscope.
Le mythe de Dédale et du labyrinthe est aussi un des quatre mythes fondateurs des jeux de tarot[93] : celui des différentes étapes du voyage initiatique vers la connaissance de soi.
À Londres, un labyrinthe de carreaux de céramique est visible sur le mur de la station de métro Warren Street (warren désigne en anglais les terriers de lapins et leurs dédales de galeries). Aux heures de pointe, les voyageurs ont deux minutes d'attente en moyenne entre deux trains. L'auteur du dédale a estimé qu'il fallait environ trois minutes pour le résoudre.
Les labyrinthes peuvent avoir différentes fonctions, concrètes ou abstraites, ésotériques et/ou spirituelles.
Le labyrinthe servait de calendrier annuel (le parcours du labyrinthe se divise en 31 arcs de cercle, ce qui représenterait les 31 jours par mois)[94] ou encore de mesure des marées (un pictogramme de mouvements apparents combinés de la lune et du soleil, qui permettait de calculer la force et l'heure des marées): les Vikings auraient utilisé un labyrinthe formé de deux serpents lovés sur eux-mêmes pour déterminer le calcul des marées (heure et force)[réf. nécessaire]. Il pouvait aussi représenter différents parcours tels que celui de la Pénitence (le labyrinthe est alors parcouru à genoux tout en récitant prières et psaumes, en signe de pénitence et pour obtenir la rémission des péchés), celui du Pèlerinage, ou encore celui de l'initiation (ce parcours permet la transformation du moi, au centre même du labyrinthe et qui trouvera sa confirmation à la fin du voyage. La sortie du labyrinthe marque la victoire du spirituel sur le matériel, de l’éternel sur le périssable, de l’intelligence sur l’instinct, du savoir sur la violence aveugle)[95] ou celui du pénitencier (la balade circulaire des condamnés décrite par Paul Verlaine dans son manuscrit Cellulairement)[96].
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